Initiée par l’Union des Industries Textiles et Habillement (UITH) Nord, la Textile Valley entend réunir l’ensemble des acteurs de la filière textile et habillement des Hauts-de-France, dans un objectif pratique de renforcement des collaborations. A la clé : l’accélération de la transformation des entreprises, la multiplication des projets de relocalisation, et le recrutement.
450 entreprises industrielles, 13 500 emplois directs : la filière textile-habillement des Hauts-de-France est de celles qui comptent pour la région comme pour le territoire national. Teillage, broderie, dentelle, peignage… Tous les savoir-faire ou presque y sont représentés, portés par un grand nombre d’acteurs impliqués de la R&D jusqu’à la distribution des produits. De quoi tisser un écosystème géant, et donner envie à l’UITH Nord de faire de cette richesse une force représentée par un étendard : la « Textile Valley ».
Fédérer l’ensemble des acteurs de la filière
« Le but, ce n’est pas de remplacer les structures membres de l’écosystème de la filière textile-habillement des Hauts-de-France ou ses entreprises. Il s’agit de rassembler tous ces acteurs pour les fédérer. », explique Christelle Perz, responsable développement économique de l’UITH. Riche d’adhérents, le syndicat était jusqu’alors un moteur de rencontres et d’échanges. Une base sur laquelle son président Olivier Ducatillon, également dirigeant du groupe Lemaitre Demeestere, a voulu s’appuyer pour créer un foyer de collaborations concrètes qui dépasseraient le cadre des actions syndicales menées pour les entreprises : écoles, centres de formation et autres musées ont également à y gagner.
A la Textile Valley d’émerger des esprits en janvier 2020 pour rassembler tous ces acteurs. Entre l’idée et sa matérialisation, il y a eu des hésitations, balayées par l’arrivée de la Covid-19. « La pénurie de masques et la solidarité qui a émergé pour y pallier a confirmé le sens de nos ambitions. On s’est rendu compte que travailler en réseau local était extrêmement efficace et qu’au fil du temps, les entreprises avaient perdu ce mode de collaboration », raconte Christelle Perz. Soudés par leur contribution à l’effort national, les acteurs de la filière ont ainsi légitimé l’initiative, officialisée le 14 juin au musée La Piscine de Roubaix.
S’entraider pour accélérer sa transformation
Collaborer, oui, mais dans quel dessein ? Parce que la même activité les anime, les entreprises de la filière textile-habillement partagent autant leurs ambitions que leurs problématiques. Des problématiques qui « changent tous les jours », mais dont les grandes lignes ont été redessinées avec la crise sanitaire. « Depuis la crise, beaucoup d’entreprises ont entamé un travail de réindustrialisation et d’investissements pour développer et moderniser leur appareil de production », explique Christelle Perz. En parallèle de ces projets, pour certains portés par France Relance, la Covid-19 a également incarné une rampe de lancement ou d’accélération pour les divers grands enjeux des industriels. Transformation numérique, transition écologique et énergétique… Sur ces sujets, « certaines entreprises sont déjà à un stade avancé, d’autres viennent de se mettre en ordre de marche. Il faut que ceux qui ont déjà engagé leur transformation deviennent consultants pour les autres », déclare Christelle Perz. Pour ce faire, l’équipe supervisant la Textile Valley voit en la création de groupes de travail une première porte d’entrée vers une ambition plus globale : unir l’ensemble des acteurs autour d’une « vision commune » pour la filière textile-habillement des Hauts-de-France.
Quatre piliers pour guider les discussions
Pour encadrer ces groupes, le choix a été fait de les dédier à chacun des « piliers » de la Textile Valley. Des piliers qui témoignent d’une mécanique communicationnelle bien rodée, même si l’ensemble des actions doit être leadé par les acteurs ayant adhéré au projet. Au nombre de quatre, les guidelines du collectif constituent un socle théorique pour leurs actions futures. Ainsi, outre l’idée d’unir l’ensemble de ses membres, il est aussi question de promouvoir les savoir-faire et les différents acteurs localement et internationalement, dans un objectif d’attractivité auprès des jeunes : « sur le territoire des Hauts-de-France, on a des savoir-faire variés, des innovations a la pointe. Il faut faire en sorte que les jeunes ou même les personnes en reconversion professionnelle le sachent et se tournent vers la filière. Nous avons de grosses problématiques de recrutement », explique Christelle Perz. Il s’agit également de développer le business des entreprises membres en multipliant les échanges inter-collectifs et d’attirer les cibles BtoB comme BtoC.
Si la Textile Valley en est à ses prémices, Olivier Ducatillion voit en l’initiative un vrai point de départ à la « relocalisation d’une partie de [la] production », la « création d’emplois » et la « restauration de [leurs] savoir-faire historiques ». Outre les groupes de discussions en cours, une cartographie des savoir-faire et acteurs de la filière est en cours pour favoriser les échanges et collaborations.
Source : La French Fab